Il pourrait s’agir d’un désastre pour les immeubles et les infrastructures de la capitale chinoise

Pékin s’enfoncerait dans le sol. C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats d’une étude menée par une équipe de sept chercheurs internationaux. Ces derniers, qui affirment que la ville de 21 millions d’habitants «coule» de 10,6 centimètres par an dans le sol, mettent en cause un pompage excessif des eaux souterraines. Ils décrivent la situation comme un «danger géologique sévère».

 

L’essor économique fulgurant de la Chine ces trois dernières décennies a vu la construction dans sa capitale Pékin exploser en parallèle. Et la ville semble désormais avoir atteint sa limite. Le phénomène d’enfoncement, qui a été détecté grâce à des radars sophistiqués et des images satellites prises entre 2003 et 2010, menace à la fois les infrastructures urbaines et la population, indique l’étude, publiée dans la revue scientifique Remote Sensing.

 

La ville de Pékin est située sur une plaine sèche, au-dessus de réserves d’eaux souterraines. L’eau, drainée par près de 10’000 puits parsemés dans la région, est utilisée pour la consommation humaine, mais aussi dans l’agriculture et le développement. Le problème est que plus l’eau est extraite, plus le sol s’enfonce, et plus encore avec le développement des infrastructures sur le sol, qui sont fabriquées sur une base de plus en plus fragile.

 

Le quartier d’affaires, situé au cœur de Pékin et dont le nombre de gratte-ciels a fortement augmenté ces 20 dernières années, serait particulièrement touché par le phénomène. Mais le pompage excessif des eaux pourrait aussi avoir un sérieux impact sur les opérations de train et les routes, où l’on a observé l’apparition de plusieurs dolines ces dernières années.

L’Etat chinois a beau avoir un pouvoir de réglementation vis-à-vis de la construction et du fonctionnement des puits, il s’est révélé incapable de l’utiliser de manière efficace. Les efforts pour tenter de contrôler la consommation d’eau des habitants de Pékin ont aussi été quasiment nuls, rendant encore plus difficile la résolution de ce problème d’enfoncement.

 

 

 

Selon les chercheurs, le phénomène n’est pas près de s’arrêter et devrait s’étendre vers l’est, où la ville se développe encore.

Si l’on ne connaît pas encore les effets concrets de l’enfoncement de Pékin, l’étude affirme avec certitude qu’il y aura des conséquences. Mais les chercheurs expliquent également qu’il reste possible de contrer ce problème: le co-auteur de l’étude Zhenhong Li rappelle que «l’affaissement était un réel problème à Shanghai il y a entre 17 et 20 ans, mais c’est désormais sous contrôle», notamment grâce à des lois mises en place en 2000 par les autorités locales, limitant la consommation d’eau. D’autres villes chinoises telles que Tianjin ou Xi’an souffrent du même problème.

 

Les chercheurs espèrent que de nouveaux projets d’infrastructures apporteront davantage d’eau à la ville, qui pourra enfin fermer ses puits qui la font couler.