Depuis 2013, en Suisse Romande, le nombre de consultations médicales faisant suite à des piqûres de punaises de lit a été multiplié par trois.

 

Mauvaise nouvelle: selon une étude menée par l’université de Sheffield, les punaises de lit sont capables de développer une résistance aux insecticides en une génération en faisant évoluer leur ADN. Une particularité qui risque de poser de nombreux problèmes sanitaires.

 

Depuis quelques années, la Suisse, tout comme une majorité de pays européens, connaît une recrudescence des punaises de lit, due probablement à l‘interdiction des insecticides les plus puissants et à l’augmentation du tourisme à l’échelle mondiale. Si ces petits insectes, qui s’installent dans les matelas, ne présentent pas de menace bactérienne ou virale pour les humains, ils n’en restent pas moins désagréables en raison des piqûres occasionnées et des démangeaisons provoquées.

 

La multiplication des punaises de lit conduit depuis plusieurs années les scientifiques à s’intéresser à ces nuisibles afin de trouver un moyen efficace de les éradiquer. Cependant, les dernières découvertes, réalisées à l’université de Sheffield, laissent penser que les punaises de lit disposent d’une haute capacité d’adaptation qui rend difficile le contrôle des infestations.

Une résistance inscrite dans les gènes

Extrêmement répandues dans les années 1950, les punaises de lit ont peu à peu disparu grâce à l’usage massif de pesticides, mais leur retour en force au cours de la dernière décennie laissait soupçonner aux entomologistes une forme d’adaptation, mise en évidence par une étude menée en Angleterre et publiée dans la revue
«Journal of Medical Entomology».

 

Ainsi, les deux insecticides les plus utilisés, de la classe des pyréthrinoïdes, ne présentent plus aucune efficacité sur les punaises de lit. En effet, les insectes ont développé, en l’espace d’une génération, un gène qui produit une enzyme capable de désactiver plusieurs sortes d’insecticides. En outre, les scientifiques ont découvert dans le génome des punaises une mutation récente de l’ADN qui rend leur système nerveux partiellement insensible à la neurotoxicité des insecticides les plus couramment utilisés. Pour espérer exterminer ces punaises de lit mutantes, il faut désormais pulvériser 5’200 fois plus de pyréthrinoïdes, hautement toxique en revanche pour l’être humain…

 

Face à cette adaptation génétique, et devant la recrudescence des infestations, les méthodes d’éradication devront à l’avenir être repensées. Les scientifiques à l’origine de l’étude orientent d’ores et déjà les laboratoires chargés de développer les insecticides vers des moyens non chimiques, mais efficaces, au rang desquels on compte la Terre de Diatomée (des algues microscopiques abrasives), les huiles essentielles, le nettoyage de la literie à plus de 60°C (en dessous de cette température, les punaises de lit survivent), le nettoyage vapeur, etc.