À table, la façon de manger est aussi importante que le contenu de l’assiette!

Avaler le contenu de son assiette trop vite, dîner debout, grignoter entre les repas: autant d’habitudes à perdre pour mener une vie saine.

Avec le professeur Patrick Leconte, nutritionniste à Genève
L’art de se nourrir sainement passe aussi par le comportement à table! Il est dommage de se concocter un repas équilibré si c’est pour l’avaler en quelques minutes devant un écran. Or en matière d’hygiène alimentaire, il est parfois difficile de savoir ce qu’il faut vraiment faire ou éviter.
« La thématique de la nutrition est très régulièrement traitée par la presse féminine, et je pense que c’est le domaine où le plus d’idées reçues circulent, » admet le professeur Patrick Leconte, nutritionniste à Genève. « Or dans ces médias, l’engouement pour de nouveaux régimes ou des aliments miracle se repose souvent sur l’observation, mais pas sur des études scientifiques, » ajoute le professeur, qui va nous aider à démêler le vrai du faux sur les comportements à adopter à table.

 

Se concentrer sur ses repas

Premier aspect important: l’environnement. Au travail, il est conseillé d’éviter de dîner devant son ordinateur. La phase d’ingestion des aliments doit se dérouler durant un moment tranquille, en prenant son temps. « Il faut manger en étant concentré sur son assiette. Si le cerveau est focalisé sur une autre activité, la digestion se fera moins bien, des études l’ont démontré, » explique Patrick Leconte. Donc, on éteint l’ordinateur et on s’en éloigne, pour prendre une vraie pause. Pas question non plus de manger devant la télévision, absorbé par une émission! Prendre son repas assis et bien mâcher les bouchées sont deux autres règles pour bien préparer la digestion. Il faut également éviter de boire trop de liquide: les boissons coupent la faim sur le moment, en remplissant le ventre, mais ralentissent aussi la digestion, et peuvent la rendre plus difficile.

Sentir la satiété

La durée idéale d’un repas devrait être comprise entre 20 et 30 minutes. C’est en effet le temps nécessaire pour ressentir la satiété. Si l’on avale son dîner trop rapidement, on est capable de trop manger, et de finir les plats par habitude, alors qu’on n’a plus vraiment faim. Il faut par la même occasion oser abandonner ses bonnes manières et la nécessité de terminer son assiette, pour être plus à l’écoute de son corps. Au pire, on garde les restes, le temps d’apprendre à mieux évaluer sa faim au moment de se servir. Une astuce pour éviter les trop grandes portions est d’utiliser des assiettes plus petites, où une part normale semblera plus grande, et donc suffisante. « On devrait arriver à table avec une légère faim, et en repartir avec une légère faim aussi! » relève le nutritionniste. Si le ressenti ne suffit pas et qu’on ne sait pas quelles rations adopter par rapport à son poids et son activité physique, mieux vaut consulter un spécialiste qui fournira des clefs, surtout en cas d’obésité.

Le petit-déjeuner: un repas à ne pas manquer!

Le nutritionniste insiste sur l’importance du petit-déjeuner. « La nuit est une longue diète pour le corps et le moment où il se répare. Au réveil, vous vous trouvez en hypoglycémie, votre insuline a besoin de sucre! » Mais attention, pas de n’importe lesquels: il faut viser des sucres lents, à trouver dans des aliments comme le pain complet, pour que la glycémie monte lentement. Exit les tartines de confiture, il vaut mieux opter pour des protéines, du fromage par exemple. Pour le nutritionniste, il y a quatre repas à respecter: le petit-déjeuner, le dîner, puis le goûter, et enfin le souper, léger et sans féculents. Si l’insuline est perturbée par un petit-déjeuner trop sucré, elle fonctionne en permanence et réclamera du sucre toute la journée. C’est sur ce principe que repose la chrononutrition®, branche de la nutrition dont Patrick Leconte est un spécialiste.

Mangez avant d’être affamés!

Adopter un rythme de repas est une bonne idée. L’organisme se calera ensuite dessus, et la faim viendra au bon moment. Mais il est déconseillé d’attendre d’avoir très faim pour commencer à se nourrir, au risque de s’empiffrer! Il est aussi très important de ne pas perturber la digestion, qui dure de 4 à 5 heures, en grignotant entre deux repas. « À force de grignoter, on crée aussi des besoins, car le sucre appelle le sucre! » rappelle le professeur. Au niveau de l’horaire, le souper doit être pris au moins 1h30 avant d’aller se coucher.

 

Le dernier conseil est probablement le plus important. Même avec ce lot de recommandations en tête, il faut prendre du plaisir à manger! Un regard positif sur la nourriture a une influence directe sur la digestion. « Une personne sereine et décontractée au moment des repas produira moins d’acidité que quelqu’un qui culpabilise ou est stressé, » précise le docteur, qui estime que le plaisir commence pendant les courses. Une autre clef d’une bonne hygiène alimentaire est en effet de varier les aliments, et de s’amuser en cuisine!