Les hôpitaux s’appuient sur les outils informatiques pour améliorer la qualité des soins.

Être connecté permet déjà d’aménager le suivi des patients, que ce soit à travers son dossier médical en ligne, la télémédecine ou encore les applications des montres connectées. La cybersanté ou l’e-santé, késako? Le terme couvre une définition très large et désigne tous les aspects numériques touchant de près ou de loin à la santé. Plus précisément, l’e-santé utilise les technologies de l’information et de la communication pour améliorer les soins et le fonctionnement du système de santé. Elle couvre aussi bien le système d’information se trouvant dans les hôpitaux, le système de communication des différents intervenants, les dossiers médicaux électroniques mais également les outils qui permettent de pratiquer la médecine à distance ou encore l’enseignement avec le e-learning. Décryptage.  

Améliorer la qualité des soins et le suivi des patients

Le Professeur Geissbuhler développe, depuis une quinzaine d’années, des systèmes informatiques pour améliorer la qualité, la sécurité et l’efficacité des soins au sein des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Depuis 6 ans, il travaille davantage sur l’e-santé:

«L’idée est de parvenir à connecter l’ensemble des systèmes informatiques, celui de l’hôpital, celui des soins à domicile, celui des pharmacies et des cliniques privées dans le but d’améliorer l’efficacité et la qualité du système de santé»

explique l’expert. «Mondossiermedical.ch», dossier informatisé, a été créé dans ce but à Genève. Il est d’ailleurs un projet pilote pour la stratégie sur la cybersanté mise en place par la Confédération depuis 5 ans.

«L’idée de «Mondossiermedical.ch» est de connecter tous ces systèmes pour qu’ils puissent travailler ensemble, qu’ils soient interopérables», relève le spécialiste.

Le dossier est sous le contrôle du patient, lui seul y a accès et ne peuvent y accéder que ceux qu’il a spécifiquement autorisés, préservant ainsi les règles de confidentialité.

«On observe un renversement de la dynamique, relève le praticien. Avant le dossier médical était géré uniquement par les professionnels. Là, le patient est au centre, il contrôle son dossier, bien sûr pour favoriser les soins et permettre aux professionnels de communiquer, mais il est sous sa responsabilité.» Le dossier médical électronique s’avère très utile lorsque le patient souffre d’une maladie chronique, comme le diabète. Dans un tel cas, une dizaine de professionnels interviennent, le médecin généraliste, le diabétologue, le physiothérapeute, le néphrologue ou encore l’infirmière. Sans compter la famille qui veut avoir son mot à dire. «Un patient diabétique prend parfois 10 médicaments en même temps, souligne notre interlocuteur. En améliorant la communication entre les intervenants, on évite qu’une allergie, qui a pourtant été documentée, ne soit oubliée.» Le patient devient ainsi un partenaire de soin.

 

Une information de qualité pour des patients concernés

«Docteur, j’ai des fourmillements dans les mains, j’ai lu sur le net que ce pouvait être la sclérose en plaques ou un accident vasculaire cérébral, je suis très inquiet». Tous les médecins sont actuellement confrontés à des patients qui se sont informés sur leur santé via la toile. Pour Monsieur Geissbuhler, une telle démarche est inévitable avec le développement des technologies de l’information. Il enseigne d’ailleurs aux étudiants de 3e année de médecine à Genève, la manière de réagir à une telle situation. «On réfléchit avec eux: est-ce une opportunité, un challenge? Cela remet-il en cause l’autorité du médecin ou pourrait-on utiliser ces informations pour que le patient suive correctement son traitement?»

Le médecin-chef du service de cybersanté veille d’ailleurs à ce que l’information disponible sur internet soit de qualité. Il préside la fondation Health on the net, qui délivre un code de qualité aux différents sites médicaux, le «HON code». «On vérifie surtout la manière dont l’information est mise en ligne, la qualité éditoriale du site parce que l’information médicale a une durée de vie assez courte», précise le professeur. Près de 10’000 sites ont obtenu ce label. Cette fondation travaille également avec l’association des médecins de Genève (AMG) sur un projet visant à prescrire de l’information. «Il s’agit de conseillers de lecture qui vont aider les patients à mieux connaître leur maladie». En effet, de nombreuses études démontrent qu’un patient va mieux adhérer à son traitement, s’il le comprend.

Télémédecine et avenir de l’e-santé

La télémédecine tente, malgré la distance, d’apporter une réponse à une maladie afin de la soigner rapidement. «Dans les villes, la distance n’est pas un problème mais cela pourrait l’être dans un village reculé, relève l’expert. En Scandinavie par exemple, la visite médicale par visioconférence est assez courante.» Dans certains cas, lorsqu’il faut prendre des décisions très rapides, comme lors d’un accident vasculaire cérébral, le spécialiste pourra à distance prescrire un médicament puissant, visant à dissoudre le caillot après avoir examiné le patient. Une décision que ne pourrait prendre le simple médecin de garde. Pour le professeur, la cybersanté offre un énorme potentiel surtout avec le vieillissement de la population. «Actuellement, les séjours à l’hôpital sont de plus en plus courts. Le patient navigue entre la maison, ses médecins, l’hôpital, la maison de convalescence et l’EMS, indique-t-il. Dans une situation de téléphone arabe, combien d’informations se perdent?» Pour lui, il faut assurer la continuité de l’information pour garantir la continuité des soins.