« Elle réalise d’un trait ininterrompu des compositions »

Poussée par l’incitation impérieuse d’une présence qu’elle ressent à ses côtés, Henriette Zéphir ( 1920-2012 ) commence à dessiner le 3 mai 1961. Sous influence, la main conduite par un « guide », elle réalise d’un trait ininterrompu des compositions au crayon, au stylo à bille et à l’encre de Chine. Certaines de ses œuvres seront exposées du 3 Février au 30 Avril 2017 à la collection d’Art Brut de Lausanne.

Henriette Zéphir ne se définit pas comme un médium, mais comme un canal par lequel passent des énergies. Elle s’apparente ainsi aux créateurs d’Art Brut spirites qui assurent être en relation avec l’au-delà et créent sous la dictée d’esprits. De la même manière qu’Augustin Lesage, Laure Pigeon et Jeanne Tripier, la créatrice ne se revendique pas comme auteur de ses dessins, et affirme être au service de son « guide ». Henriette Zéphir, qui ne se considérait pas comme une artiste, travaillait de manière assidue, parfois plus de dix heures par jour, et ce jusque dans sa quatre-vingt douzième année.

Dans les années 1960, Jean Dubuffet s’intéresse tout particulièrement à la création spirite. Des œuvres remarquables, comme la première toile d’Augustin Lesage et les dessins de Laure Pigeon, entrent dans ses collections.

Henriette Zéphir à la Collection d’Art Brut

C’est durant cette période qu’il se rend à Nice, chez Henriette Zéphir, et lui achète vingt dessins en février 1966, auxquels s’ajoute une œuvre supplémentaire acquise deux ans plus tard. En 2016, grâce à la généreuse donation de Renée et Pierre Zéphir, les enfants d’Henriette, l’ensemble du corpus appartenant à la Collection de l’Art Brut s’enrichit de dix nouvelles compositions, dont certaines réalisées peu avant sa mort.

La Collection de l’Art Brut consacre pour la première fois une exposition monographique à Henriette Zéphir. Une large sélection de dessins issue du fonds lausannois est ici complétée notamment par un ensemble important d’œuvres prêté par la famille. La présentation, qui propose des compositions datant de périodes différentes, met en lumière la singularité et la diversité d’une œuvre encore largement méconnue du public.

Pour caractériser les étonnantes créations picturales d’Henriette Zéphir, Jean Dubuffet utilise le terme de « guipures », alors qu’Alain Bouillet, auteur d’un texte pour la publication accompagnant cette exposition, les décrit ainsi : « ensembles finement ouvragés, résilles de lacis, nuées de volutes tentaculaires irisées, de flammes éruptives protubérantes, de cosmogonies à l’état natif délivrées sous l’apparence de “broderies”… ».

Photo Sans titre, 1964 encre de Chine et crayon de couleur sur papier, 32 x 24 cm

Marie Humair, AN – Ville de Lausanne Collection de l’Art Brut, Lausanne

COLLECTION DE L’ART BRUT

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